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Octavie.

Je vous prie, ma très-chere, racontez-moi comment Oronte s’y prit la nuit de vos noces ; car pour ce qui eſt de Pamphile, vous ne m’en pouvez rien dire de certain : chacun baiſe à ſa guiſe ; les uns plus, les autres moins, & je crois qu’en cela il n’y a point de regle.

Tullie.

Tu as raiſon, Octavie, je vais te ſatisfaire ; & il faudra que tu ſois auſſi froide que le marbre, ſi tu ne reſſens quelque émotion par le portrait que je te ferai de nos divertiſſements & du jeu auquel je jouai avec Oronte, lorſqu’il me dépucela. Ah, Dieux ! que je goûtai de plaiſirs, cette nuit ! l’image m’en eſt trop douce pour l’oublier, je m’en ſouviendrai éternellement.

Octavie.

Commencez donc, Tullie ; je ſuis dans la plus grande impatience du monde de vous entendre : vous pouvez parler ſans crainte ; toute la maiſon eſt dans un profond ſommeil, toute la nature dans le repos, le ſilence regne partout ; en un mot, tout favoriſe nos plaiſirs & nos jeux.

D iv