Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 51 )


tout-à-fait libres, & notre cœur ne pouvant d’ailleurs être ſans quelque amuſement, la nature, qui eſt ſage en tout ce qu’elle fait, lui permet de chercher quelque objet qui l’occupe, & de s’attacher à ceux qui ont quelque ſympathie avec lui.

Octavie.

J’ai vu néanmoins des perſonnes qui condamnoient ces libertés-là, comme de grands crimes.

Tullie.

Je le crois bien ; & il eſt vrai que les loix civiles ſont contraires en cela à celles de la nature ; mais c’eſt ſeulement pour éviter les déſordres qui pourroient arriver dans le monde. Apprends donc, Octavie, que le mal du cocuage dont on nous prêche tant l’énormité, ne doit pas nous effrayer, non plus que ce beau terme d’honneur, qui n’eſt point une vertu réelle, mais un fantôme & une pure chimere. Ce n’eſt pas que dans nos petits commerces amoureux nous ne devions éviter l’éclat ; ce ſeroit une impudence extrême de faire hautement nos maris cocus ; il faut ſauver les apparences. Par une complaiſance fauſſe ou véritable pour le pauvre homme, uſer un peu d’hypocriſie, faire

D ij