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cuage étoit une ignominie ; mais à préſent on eſt déſabuſé : car qu’eſt-ce enfin que ce grand mal dont tant de gens de bien ſe rient avec juſte raiſon ?

Quand on l’ignore, ce n’eſt rien ;
Quand on le ſait, c’eſt peu de choſe.

On eſt donc guéri aujourd’hui de cette vieille erreur : il n’y a plus que les ſots qui s’en rompent la tête ; les mieux aviſés connoiſſent bien que c’eſt une pure idée ; ils ne diſent mot, & je trouve qu’ils ont raiſon ; il en reſte toujours aſſez pour eux : outre que le mariage étant ordinairement le tombeau de l’amitié, nous avons droit de chercher ailleurs ce qui nous peut plaire. Si les hommes en agiſſent tous les jours ainſi, quoique ſouvent ils ayent de plus belles femmes que celles des autres à qui ils ſe donnent ; eh ! pourquoi ne jouirons-nous pas du même privilege qu’eux ? L’union des volontés faiſant le nœud le plus fort du mariage, ſi elle vient à ſe rompre, ou par la contrariété des humeurs, ou par la grande facilité que nous avons à nous dégoûter bientôt de ce que nous poſſédons, l’obligation de ſe garder mutuellement la foi, ne ceſſe-t-elle pas ? (Tu conçois bien ce raiſonnement.) Devenant donc de la ſorte