Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 408 )


veur. Voilà, Octavie, comme les choſes ſe paſſerent : pardonne-moi cette digreſſion que j’ai faite inſenſiblement, & revenons au Pere Chriſogon.

Octavie.

Quand nous fûmes arrivés dans l’endroit d’où nous pouvions voir ce qui ſe paſſoit, nous apperçûmes le pere Chriſogon aſſis ſur le bord du lit avec ma mere, qu’il tenoit par la main. Eh bien, ma Sainte, (c’eſt ainſi qu’il l’appelloit) que penſez-vous que fait le pere Théodore avec Octavie ? Je m’en doute bien, reprit-elle, car j’ai entendu ſa voix comme ſi elle eût pleuré ; aſſurément il lui parle du mépris du ſiecle, que le chemin du paradis eſt difficile, & que les tourments de l’enfer ſont terribles. Ah, ah ! vous n’y êtes pas, dit le pere Chriſogon en riant ; il force cette pauvre enfant avec un Vit plus terrible que tous les Diables enſemble, quand il eſt en fureur, & c’eſt delà que proviennent ſes cris. J’aime beaucoup Théodore, continua-t-il, en parlant à ma mere ; & je lui aurois même fait part de ma fortune, ſi l’amour extrême que je te porte me l’avoit pu permettre : mais j’aime avec trop d’excès, & je porte même envie à ton mari de ce qu’il partage des plaiſirs qui ne