chere Lucie, ne faites pas ſitôt finir le plaiſir !
ah, ah ! je n’en puis plus. En diſant cela il
déchargea ſur un linge qui étoit tendu à deſſein,
& s’appuya ſur Lucie, qui goûta auſſi-tôt
le même plaiſir. Mais hélas ! Octavie, cette joie
fut bientôt ſuivie de triſteſſe. Judith entra dans
ſa chambre comme une lionne, traita cette
pauvre enfant d’infâme & d’adultere ; elle la
fit lever promptement ; & étant aſſiſtée de Pélagie,
elle la conduiſit dans un Bordel. Ah !
ma ſœur, diſoit Lucie, faites de moi ce que
vous voudrez, pourvu que vous donniez la
liberté à Florent. C’eſt moi qui ſuis coupable,
& qui ai commis le crime, ſi c’en eſt un néanmoins
que d’avoir fait une légere badinerie. Je
ferai, dit Judith, ce que je jugerai à propos ;
ſuivez-moi ſeulement. Florent fut enfermé, ſans
donner connoiſſance aux autres ſerviteurs, de
la raiſon pourquoi on le faiſoit ; & Lucie fut
menée au Bordel. Ce fut là où Judith, s’étant
enfermée avec elle dans une chambre, lui dit
qu’il falloit qu’elle ſe réſolût d’être bouclée ; où
bien de ſe préparer à mourir. A ces paroles, les
larmes tomberent des yeux de Lucie. Ah ! ma
chere ſœur, dit-elle à cette Mégere, ayez compaſſion
de moi, & ne puniſſez pas ſi rigoureuſement
une ſi petite foibleſſe. Judith étoit inexo-
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