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Je ne refuſe point ton affection, mon cher Florent, lui diſoit-elle ; mais pour te permettre la moindre choſe qui me déshonore, c’eſt ce que je ne ferai jamais, pas même ſi les Rois l’exigeoient de moi. Je ne refuſe point ce que je te puis accorder, contente tes yeux & tes mains, regarde & manie tout ce que tu voudras, je ne m’y oppoſe pas ; mais ne prétends pas paſſer plus avant. Après ces paroles, elle ſe découvrit, & ſe vit voir toute nue à Florent. Ah ! ma Reine, diſoit-il, n’eſt-ce pas me refuſer tout, que de me défendre ſi étroitement ce qui peut ſeul me donner le véritable plaiſir ? ah ! que vous êtes cruelle, de preſcrire de ſi rigoureuſes loix à notre amour ! Tout au moins, continua-t-il, (en montrant ſon inſtrument qui prenoit feu à la vue de tant de beautés) que vos belles mains, aimable Lucie, me ſoulagent un peu pendant que je vous contemplerai à mon aiſe. Je t’entends, lui dit-elle ; avoue donc que je ſuis bien bonne, & regarde combien tu m’as d’obligations : elle fit ce qu’il vouloit, elle prit ſon invention, & l’excita doucement à la décharge, pendant que Florent de ſon côté lui rendoit un ſemblable office. Courage, courage, diſoit-il d’abord, plus vîte, plus vîte, & un peu après ; ah ! doucement, ma

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