que je preſſois vivement avec mes doigts. Un
moment après, il déchargea : Ah, bonté de Vénus,
quel raviſſement ! je crus que tout ce que
la volupté avoit jamais eu de ſenſible, que tout
ce qu’elle pouvoit avoir pour le préſent, & que
tout ce qu’elle auroit à l’avenir de douceurs,
s’étoit aſſemblé dans cette partie, où il ſe faiſoit
le débat. Je m’imaginai être métamorphoſée
en Déeſſe, & être placée dans le ciel, tant
le plaiſir que je reſſentois étoit exceſſif. Enfin,
ce contentement ceſſa, & je reconnus que j’étois
encore en terre : mon adverſaire ſe retira
la tête baiſſée ; & quoiqu’il eût combattu vaillamment,
je reſtai néanmoins victorieuſe.
Tu triomphois de Théodore, pendant que ta mere diſputoit ſans doute la victoire avec le Pere Chriſogon.
O la plaiſante farce ! tu vas rire, Tullie, ſi tu veux m’entendre. Quand nous eûmes achevé, Théodore & moi, je lui demandai s’il vouloit que nous allaſſions voir à quoi le Pere Chriſogon & ma mere paſſoient le temps. Je le veux bien, reprit-il ; mais quelque plaiſir qu’ils pren-