Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 400 )


que je preſſois vivement avec mes doigts. Un moment après, il déchargea : Ah, bonté de Vénus, quel raviſſement ! je crus que tout ce que la volupté avoit jamais eu de ſenſible, que tout ce qu’elle pouvoit avoir pour le préſent, & que tout ce qu’elle auroit à l’avenir de douceurs, s’étoit aſſemblé dans cette partie, où il ſe faiſoit le débat. Je m’imaginai être métamorphoſée en Déeſſe, & être placée dans le ciel, tant le plaiſir que je reſſentois étoit exceſſif. Enfin, ce contentement ceſſa, & je reconnus que j’étois encore en terre : mon adverſaire ſe retira la tête baiſſée ; & quoiqu’il eût combattu vaillamment, je reſtai néanmoins victorieuſe.

Tullie.

Tu triomphois de Théodore, pendant que ta mere diſputoit ſans doute la victoire avec le Pere Chriſogon.

Octavie.

O la plaiſante farce ! tu vas rire, Tullie, ſi tu veux m’entendre. Quand nous eûmes achevé, Théodore & moi, je lui demandai s’il vouloit que nous allaſſions voir à quoi le Pere Chriſogon & ma mere paſſoient le temps. Je le veux bien, reprit-il ; mais quelque plaiſir qu’ils pren-

nent,