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ſe retirer de la triſteſſe que lui cauſoit la maladie, le fit appeller dans le deſſein de s’en divertir ; il vint. Eh bien ! lui dit-elle, j’ai appris que vous chantiez & que vous danſiez fort bien ; voulez-vous nous chanter quelque air nouveau ? Il ne ſe fit pas beaucoup prier, il chanta, & il plut : elle lui dit de danſer ; il demanda quelle danſe elle ſouhaitoit ? celle que vous ſavez le mieux, reprit-elle. Ah ! dit-il, j’en ſais une bien jolie ; quoiqu’elle ne ſoit pas nouvelle ; elle s’appelle le Pouſſe avant ou le Menuet redoublé. Le Pouſſe avant ! dit l’Abbeſſe ; je n’en ai point entendu parler : il faut, ſans doute, qu’elle ſoit nouvelle ; car elle n’étoit pas en uſage quand je ſortis du monde. Vous m’excuſerez, reprit Marcel, & vous ne l’ignorez que parce que vous ne l’avez jamais danſée. L’Abbeſſe ne répondit rien ; & Agnès, Brigitte & Gertrude, qui craignoient que leur préſence n’empêchât leur mere d’agir librement, ſe retirerent & la laiſſerent avec ſon infirmier. D’abord qu’elle ſe vit ſeule, elle connut les embûches ; Marcel, profitant de l’embarras où il la voyoit approcha du lit, lui, donna un baiſer, lui mit une main dans le ſein, & gliſſa l’autre ſous ſa jupe. Elle s’écria, elle appella à ſon aide ; mais toutes ſes Religieu-