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Dieu ! je ſuis toute mouillée ! d’où vient cela ? je ne m’en étois pas apperçue : eſt-ce toi, Tullie, qui m’as ainſi arroſée ? comment cela s’eſt-il pu faire ?

Tullie.

Oui, c’eſt moi, mon petit cœur, qui t’ai rendu ce bon office ; mais quel a été ton ſentiment dans ce badinage ?

Octavie.

Pour te dire le vrai, le plaiſir que j’ai partagé avec toi, n’a pas été bien grand : j’ai ſeulement reſſenti quelques émotions ; & quelques étincelles du feu dont tu brûlois, ont échauffé ma partie. Mais de grace, dis-moi ſi les autres femmes conçoivent un ſemblable amour pour leur ſexe, ou bien ſi cette maladie t’eſt particuliere ?

Tullie.

Toutes les femmes, ma chere enfant, brûlent d’un même feu ; & il faudroit être auſſi froid que le marbre, & auſſi dur que le porphyre, pour demeurer inſenſible à la vue de ce qu’il y a de plus aimable : car qu’y a-t-il de plus charmant, qu’une jeune fille, belle, douillette, blanche, & propre comme tu es ?

Octavie.

Ah ! ma Couſine, je commence à reſſentir un