agréable de rappeller dans ſon eſprit ces doux
moments de la jouiſſance ; il y en a même qui
trouvent dans l’eſpérance, ou dans le ſouvenir
de la volupté, la volupté même ; & j’en connois
qui reſſentent de plus douces émotions en
parlant de Vénus, qu’en la mettant en pratique.
Avoue-donc, Aloyſia, que cet agréable paſſe-temps
qui ne dure qu’un moment, devient long ;
par nos entretiens. Veux-tu vivre heureuſe, ma
chere enfant, continuai-je ? cueille des fruits
dans le champ de Vénus, pendant que tu es
jeune ; cueilles-y des roſes : toutes choſes cedent
à cette Déeſſe ; les Dieux même lui rendent
leurs hommages. Parlons donc ſans crainte,
puiſque nous pouvons trouver dans l’ombre
du plaiſir, le plaiſir même que nous voulons.
Ah ! que voilà dire beaucoup de choſes en peu de paroles ? on ne peut pas parler avec plus d’éloquence.
Que veux-tu davantage ? Aloyſia s’en laiſſa perſuader ; & tout d’un coup, ſe défaiſant de la pudeur qui lui reſtoit, elle nous a dit les choſes les plus plaiſantes du monde. Léonor rioit de tout ſon cœur, & moi de même ; & Iſabelle