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Octavie.

Fort bien. Mais qu’eſt-ce que-tu-me reproches d’Alphonſe ? eſt-ce que je lui ai paru toute nue lorſqu’il rêvoit ? car il ne peut m’avoir vue de la ſorte qu’en dormant.

Tullie.

Eſt-ce que ceux qui te connoiſſent juſques dans le fond de l’ame, à qui tes mœurs & ton eſprit paroiſſent à découvert, ne te voyent pas toute nue, puiſqu’il n’y a rien de caché pour eux ?

Octavie.

O la plaiſante penſée ! c’eſt-à-dire qu’Alphonſe demande une femme pour ſon eſprit, & non pour ſon corps ; ſachons lequel des deux le fera plutôt bander ? Alphonſe étoit dans une maiſon de campagne de Léonor : Iſabelle étoit de la compagnie ; & Aloyſia (qui eſt, comme tu ſais, nouvellement mariée,) s’y rencontra auſſi avec moi. Nous nous divertîmes galamment ; & après le repas, nous eûmes un entretien, mais le plus laſcif qu’on puiſſe jamais entendre. Il ſembloit que nous fuſſions ivres. J’y plus néanmoins.