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l’inſpire, mais plutôt la corruption des mœurs. Si le derriere avoit été deſtiné à cet uſage, il auroit été plus commodément formé ; le membre de l’homme y auroit pu entrer & ſortir ſans tant de travail & de danger : ce que nous ne voyons pas ; puiſque de jeunes filles qui ſont facilement dépucelées, ne peuvent ſupporter les attaques du derriere ſans reſſentir de cuiſantes douleurs, qui ſont ſouvent ſuivies de maladies que toute l’induſtrie d’Eſculape ne peut guérir.

Les raiſons que ces débauchés apportent pour autoriſer leur diſſolution, ne me convainquent pas, quoiqu’ils les tirent de la nature des choſes, des exemples des anciens, & des mœurs mêmes des plus ſages : car quelqu’un peut-il s’imaginer, pour peu de lumieres qu’il ait, que la perte volontaire de la ſemence ſe faſſe ſans quelque crime ? N’eſt-il pas vrai, Octavie, que celui qui s’abandonne à cet infame plaiſir, tue un homme puiſqu’il en auroit pu former un ? C’eſt un adultere, c’eſt un homicide, & il étrangle (pour ainſi parler) par cette ſale volupté, un enfant qui n’eſt pas encore né. N’eſt-ce pas ôter la vie, que de la refuſer quand on la peut donner ? Lorſque la nature travaille à former la ſemence dans nos reins, ſa fin eſt la génération, & non pas l’accompliſſement ſeul