raiſons ont quelque apparence de vérité, parce
qu’on les tire de l’intention de la nature ; &
c’eſt ce qui a porté les hommes à chercher dans
leur ſexe & dans le nôtre, de quoi contenter
leur lubricité : tellement que ce qui n’étoit au
commencement que l’intempérance de quelques
délicats, devint enfin dans certaines Provinces
le vice de tout un peuple. S’ils prenoient des
femmes en mariage, ce n’étoit point par amour,
mais ſeulement pour en avoir des enfants ; &
ſitôt qu’elles étoient groſſes, il les regardoient
comme des eſclaves, les renfermoient dans les
lieux les plus ſecrets de la maiſon, & n’avoient
plus aucun commerce avec elles.
Notre ſexe n’étoit pas plus recherché dans beaucoup d’autres endroits : il étoit en opprobre chez tous les Rois de l’Aſie ; & tous les peuples réglant leurs mœurs ſur la conduite de leurs Princes, y brûloient comme eux d’un amour infame. Philippe de Macédoine aima Pauſanias, dont il fut aſſaſſiné pour ne l’avoir pas vengé de la violence qu’Attulas ſon favori lui fit, en l’expoſant dans un banquet à la ſenſualité de ſes ſerviteurs. Le Roi Nicodeme prit ce plaiſir avec Jules-Céſar ; Auguſte n’a pas été exempt de cette fantaiſie ; Neron ſe maria à Tigillin, & Sporus à Neron. Pendant que Tra-