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froment n’eſt-elle pas deſtinée pour l’uſage des animaux, & l’autre pour le laboureur, tellement qu’une partie ſe change en notre ſubſtance, & l’autre ſe perd ? Pour ce qui eſt des autres plantes dont la ſemence n’eſt point à l’uſage de l’homme, & qu’aucun plaiſir ne pouſſe à cueillir, la nature en donne une partie à la terre, & ne ſe ſoucie pas que l’autre ſe perde. Il en eſt de même, diſoient Socrate & Platon, de la ſemence de l’homme ; c’eſt une folie de croire que l’intention de la nature ſoit qu’on l’employe toute pour la génération. En effet, Octavie, quand nous ſommes groſſes, & que notre groſſeſſe eſt déja bien avancée, on ne nie point que nos maris n’ayent droit ſur nos corps, (comme il eſt vrai auſſi). Or il eſt ridicule de ſoutenir que leur ſemence s’employe pour lors à la formation de l’homme, puiſqu’il eſt déja formé, & qu’il eſt impoſſible, quand même ils en rempliroient notre matrice, qu’il s’en formât un nouveau ; & il faudroit être fou pour en eſpérer un. Une autre raiſon qui confirme ce que je dis, c’eſt qu’il y a beaucoup de filles, qui tombent dans de dangereuſes maladies, dont elles ne peuvent être guéries que par des remedes qui les provoquent à l’expulſion de la ſemence qui croupit dans leurs reins. Toutes ces