Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 330 )


mes paſſions, & ſont compoſés de la même maniere & des mêmes membres. Ils appellent amour, cette cupidité, ou plutôt ce deſir piquant qui les pouſſe à s’unir avec l’objet qu’ils chériſſent ; mais ils conſiderent plus leur plaiſir dans cette union, que celui de la perſonne aimée. Ils aiment juſqu’à l’emportement, toutes les parties de notre corps qui irritent davantage leurs fureurs, & qui les excitent le plus à l’éjaculation de cette humeur que nous appellons ſemence. Cette liqueur ſert à la génération de l’homme, quand elle eſt repandue dans la partie que la nature a deſtinée à cet effet, & c’eſt dans ſon épanchement que les hommes trouvent la véritable béatitude. Mais c’eſt une choſe étrange, Octavie, que cette évacuation n’eſt pas plutôt faite, qu’ils mépriſent pour l’ordinaire nos careſſes, nos baiſers, & nos embraſſements ; & ce qui les raviſſoit auparavant juſques à l’excès, n’a plus enſuite le moindre charme pour eux.

Pour ce qui eſt de la ſemence qui ſe cuit dans les reins de l’homme & de la femme, les plus ſages tiennent qu’elle ne doit point être entiérement employée pour la génération ; & il en eſt de même, diſent-ils, que de la ſemence des arbres & des autres plantes. Une partie du