Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
( 326 )


un gros membre bien fourni & ſucculent, & que la fille ſait bien le ſeconder.

Octavie.

Je m’imagine que Marianne fit merveille de ſon côté, & que cette honnête Putain répondit amoureuſement aux ſecouſſes de ſon cavalier.

Tullie.

Tu détournes malicieuſement le ſens d’un vilain mot : apprends que l’application que tu en fais, eſt hors des regles ; & qu’on n’appelle Putains, que les femmes de la lie du peuple, qui ne s’abandonnent que pour l’argent, & non pour le plaiſir. En quelque lieu que ces vilaines aillent, elles portent toujours avec elles la ſaleté du Bordel ; elles ſont un opprobre à elles-mêmes. Il n’en eſt pas de même des perſonnes de qualité : quelque commerce qu’elles puiſſent avoir avec ceux de leur rang, on ne leur donne jamais ce nom infame ; & tu dois ſavoir que Louve, Putain, Bordel, ce ſont des termes inventés pour marquer l’ignominie de la fortune, & non pas la conduite des mœurs.

Octavie.

Laiſſons-là cette belle morale. Si je m’en ſouviens, tu avois déja couru la bague douze fois,