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de joie ? que le plaiſir que vous me cauſez eſt grand ! ah, je n’en puis plus ! je me meurs, mon cher, & je ſens, ah, ah, cou… couler ; je ſens… de toutes mes veines ah ! je me pâme !… Et moi auſſi, dit Medor ; ah, mon amour, je fonds, ah, divine Marianne ! Ah, ah ! Quoi ? diſoit Terence, tous deux à la fois ? que Vénus vous aime ! Ils perdirent la parole pour quelque temps, & ne revinrent de leur extaſe, que pour ſe donner mille baiſers. Medor, qui croyoit être au ciel, ne voulut point déconner ; Marianne en fut ravie ; & ſe conſidérant ainſi l’un & l’autre, leur imagination s’échauffa tellement, qu’ils furent aiſes une ſeconde fois.

Octavie.

Ah ! je me ſens une démangeaiſon horrible ; tu racontes les choſes avec tant de naïveté, qu’il ſemble qu’on les touche, & qu’on les voye. Je voudrois que Medor fût ici, & qu’il le fît à Marianne. Je crois cette attitude bien voluptueuſe ! Ne l’as-tu jamais éprouvée ?

Tullie.

Ah, Dieux ! pluſieurs fois ; c’eſt ma poſture favorite : elle cauſe un plaiſir incroyable, particuliérement quand celui qui eſt de la partie, a

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