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elle ne dormoit pas ? Ah ! ma chere Terence, (c’eſt ainſi qu’elle s’appelloit) ſuis-je en état de repoſer ? je vous ferois pitié, ſi vous ſaviez ce que je ſouffre. Ah, Medor, mon cher Medor, il n’y a que vous ſeul qui puiſſiez éteindre le feu qui me conſume ! En diſant cela, elle ne faiſoit que ſe tourner ; tantôt d’un côté tantôt de l’autre ? Enfin, on eût dit que ſon lit étoit d’épines, & qu’elle n’y pouvoit pas trouver une place commode pour dormir. La pauvre Terence étoit aſſez embarraſſée ; elle faiſoit tout ce qu’elle pouvoit pour la conſoler : Ce n’eſt rien, lui diſoit-elle, je vous guérirai de votre maladie ; ayez bonne eſpérance, & ne vous affligez pas par tant d’inquiétudes qui ſeroient nuiſibles à votre ſanté : je ferai en ſorte que vous aurez demain ſatisfaction. Ces paroles remirent un peu Marianne, & elle s’endormit auſſi-tôt. D’abord que le jour fut venu, Terence ſe leva, & alla trouver Medor dans ſa chambre ; elle lui raconta ce qui ſe paſſoit, & le pria de venir avec elle, pour ſoulager une pauvre enfant qui mouroit d’amour pour lui. La tante de Marianne étoit heureuſement allée le jour auparavant à une maiſon de plaiſance diſtante de Rome de deux milles. Medor ſuivit cette bonne vieille, & trouva celle qui l’attendoit avec

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