Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 321 )

Octavie.

Les caracteres tracés ſans art & ſans ordre, font d’abord voir qu’ils ſont de la main d’une fille.


MARIANNE A MEDOR,
Salut, &c.

Malheureuſe que je ſuis ! faut-il que je vous prévienne, & que je vous donne le ſalut que vous devriez m’avoir ſouhaité le premier ? Quel cruel deſtin vous a empêché de venir à l’heure que vous m’aviez promis, pour ſatisfaire mon amour ? En quel état penſez-vous que votre manquement de parole m’ait réduite ? Je ne puis vivre, ni mourir ; ah, que cette impuiſſance m’eſt douloureuſe ! D’un côté, je trouve que la mort eſt le ſeul ſoulagement aux maux dont mon ame eſt accablée ; & de l’autre, le ſeul eſpoir que j’ai de vous revoir, me fait ſouhaiter de vivre. Imaginez-vous donc quel combat je ſouffre, puiſque je ſuis entre la vie & la mort : ſi vous venez, je vivrai ; ſi vous ne venez pas, la mort m’eſt inévitable : n’en doutez pas, puiſqu’il n’y a que vous qui ſoyez capable de me donner des plaiſirs. Les objets

X