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me regarder ainſi deſſus & deſſous : je ne vois rien dans toutes les parties de mon corps, qui ſurpaſſe la beauté du tien ; & tu n’as qu’a arrêter ta vue ſur toi-même, pour ſatisfaire ta curioſité.

Tullie.

Ce ne ſeroit pas une modeſtie en moi, mais plutôt une ſottiſe, ſi je niois que je fuſſe pourvue de quelque beauté : je n’ai encore que dix-neuf ans ; & n’étant mere que d’un enfant, je ne peux pas avoir perdu tous les agréments qu’on a trouvés autrefois dans ma perſonne. C’eſt pourquoi, Octavie, ſi tu peux recevoir de moi quelque ſorte de plaiſir, agis librement, je ne m’y oppoſe pas.

Octavie.

Ni moi non plus ; je t’accorde tout ce que tu ſouhaites : mais je ſais que d’une fille comme je ſuis, tu ne peux pas recevoir aucun contentement ; & je ne puis concevoir aucun plaiſir dont tu puiſſes pareillement me divertir, étant d’un même ſexe que moi. Ce n’eſt pas que je ne puiſſe jetter les yeux ſur ton viſage, que je ne m’imagine voir un jardin planté de lis & de roſes, ſouffre que je me ſerve de ces termes.

Tullie.

C’eſt toi, fripponne, qui as un jardin où Pam-

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