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tiſſement qu’elle avoit reçu. Ces mouvements continuels, accompagnés de quelques ſoupirs & de quelques paroles qu’elle proféroit de temps en temps avec éclat, éveillerent ſa tante, qui entra auſſi-tôt dans notre chambre, pour ſavoir la cauſe du bruit qu’elle avoit entendu.

Octavie.

Ah, que je crains pour vous ! je crois que la peur vous ſaiſit dans ce moment.

Cléante.

Vous l’allez apprendre. Qu’eſt-ce que j’entends, cria la mere de Medor ? êtes-vous ſeule ? Oui, nous ſommes toutes deux ſeules, répondit la gouvernante. Je rêvois, ajouta Mariane, & je croyois voir un fantôme hideux qui me pourſuivoit à grands pas ; & comme la peur que j’en avois me faiſoit fuir, je ſuis preſque tombée du lit en m’écriant. C’eſt tout juſte, reprit ſa tante, ce que j’ai attendu : rendormez-vous ; tous les ſonges ne ſont que pures folies. Je me ſuis levée, dit la gouvernante, au bruit qu’elle a fait dans la frayeur. Vous avez bien fait, reprit-elle, demeurez encore un peu de temps auprès de ſon lit ; & afin de lui ôter cette terreur panique de l’eſprit, faites-lui

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