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riſſiez pour lors, vous ne m’aimez pas moins à préſent.

Tullie.

Oui, mon cœur, je t’aime, ou plutôt je languis & meurs d’amour pour toi ; & je puis même t’aſſurer que ma paſſion eſt égale à celle de Pamphile.

Octavie.

Qu’entendez-vous par-là, ma Couſine ? car je ne conçois pas le rapport qu’il y a entre l’amitié que vous me portez, & l’amour que Pamphile peut avoir pour moi.

Tullie.

Je vais te l’expliquer ; mais auparavant chaſſe bien loin toute cette honte & pudeur puérile, qui pourroit troubler le plaiſir de notre entretien.

Octavie.

N’ai-je pas aſſez dépoſé toute ma timidité, lorſque vous m’avez ſouhaitée toute nue dans ce lit, & que je vous ai obéie ? n’eſt-ce pas aſſez que je me ſois couchée avec vous, dans le même eſprit, que ſi c’étoit avec Pamphile ; & que je vous aye promis que vous trouveriez en moi autant de docilité que dans une novice ?