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voir baiſée fort tendrement, il me mena dans un coin de la chambre couvert d’un grand rideau de ſoie. Il n’y avoit point d’autre commodité qu’un petit lit de damas bleu, auprès duquel étoit une lampe, dont la lumiere foible & tremblante ſembloit être complice de l’action que j’allois faire.

Je n’étois preſque pas encore arrivée dans cet endroit, que Fabrice ſe fit entendre à Acaſte : Mon ami, dit-il, dépêche-toi, fais vîte, je n’en puis plus. Un peu de patience, reprit Acaſte, cela ſera bientôt achevé.

Octavie.

Que diſois-tu à tout cela ?

Tullie.

Hélas ! rien ; & comme je ſuis naturellement honteuſe, je fus ſi interdite de ce dialogue, que je ne ſavois à quel ſaint me vouer. Acaſte me pria de m’étendre ſur le lit ; mais comme je faiſois la ſourde, d’une main il me renverſa & de l’autre il me leva ma jupe. Ah Dieux ! que direz-vous de moi, qui ai toujours mené une vie ſi pure & ſi honnête ? n’aurez-vous pas lieu, lui diſois-je, de me mépriſer, ſi je vous donne tant de liberté ? Ah ! que cette pudeur eſt importune ! Défaites-vous-en, reprit-il,