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pas en grande quantité : elle ne me permit pas de manger beaucoup ; & auſſi-tôt que je fus ſortie de table, elle me lava le ſein, le ventre, les reins & les feſſes avec une eau de fort bonne odeur. Pour la partie qui devoit être la plus attaquée, elle me la frotta avec de l’huile de myrrhe ; elle me revêtit enſuite d’un manteau de ſoie blanche ; il étoit ſi fin & ſi tranſparent, que je croyois plutôt, être environnée d’une nuée brillante, que couverte d’un habit. Cela fait, nous montâmes en carroſſe, & nous allâmes toutes deux dans une maiſon de plaiſance à quelques milles de Rome. C’eſt un lieu embelli de fort beaux jardins ; toute l’année y eſt un printemps continuel, & on y voit des labyrinthes dont les iſſues ſont ſi difficiles, que Flore & Vénus y peuvent rire & prendre leurs plaiſirs en toute liberté. D’abord que je fus arrivée à la maiſon, je fus conduite dans un cabinet ſecret, où la lumiere avoit de la peine à entrer. Au reſte ce lieu étoit admirable pour favoriſer la pudeur d’une fille, & la hardieſſe d’un garçon.

Octavie.

Voilà juſtement comme il faut les lieux de plaiſir ; mais continue.

R iv