nes un feu qui me brûle ; & s’il eſt d’auſſi longue
durée qu’il eſt violent, je ne ſais quel en
ſera l’évenement. La bonne Dame amie de nature,
& ſenſible s’il en fut jamais aux maux de
la jeuneſſe, fit ſon poſſible pour me ſoulager.
J’ai conçu trop d’affection pour vous, me dit-elle,
pour vous en refuſer des marques dans
cette occaſion : je ſais qu’il n’y a qu’un remede
qui puiſſe vous guérir, & ſi vous voulez, je
vous ferai goûter demain les plaiſirs amoureux
avec les plus aimables Gentilhommes dont
vous puiſſiez ſouhaiter les embraſſements. Acceptez
cette offre, continua-t-elle, ſi vous
êtes ſage ; cela n’ôtera rien à votre honneur ni
à votre réputation : remettez-vous ſeulement
entre mes mains, & vous abandonnez à ma
conduite.
Que répondis-tu à cette officieuſe Matronne ?
Je la remerciai de la part qu’elle prenoit à mon chagrin, & lui dis, que puiſqu’elle étoit ma caution, je ne ferois point de difficulté de la ſuivre par-tout, & de faire ce qui lui plairoit. Elle fit apprêter le matin un petit dîner compoſé de fort bonnes choſes, mais qui n’étoient