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cette grande quantité de ſemence, dont Medor m’avoit arroſée, je n’en ai pas ſenti couler une goutte au-dehors : je ne ſais ce que cela veut dire ; ſi je devenois groſſe, j’en ſerois au déſeſpoir, car j’aime beaucoup Oronte.

Octavie.

Et de quoi avez-vous peur ? arrive ce qui pourra, le mariage cachera tout.

Tullie.

Tu as raiſon, c’eſt ce qui me conſole ; car ſans cela le mal ſeroit ſans remede.

Octavie.

Que cela ne t’inquiete point, ma chere Tullie ; penſe ſeulement à me faire le récit de ce qui t’arriva à Rome, & apprends-moi quels furent tes divertiſſements.

Tullie.

Je le veux, ma mignonne. Tu ſauras donc qu’Oronte étant allé à Rome pour terminer un procès qu’il avoit avec Ortobon notre parent, il tomba ſi dangereuſement malade, que les Médecins l’abandonnerent & déſeſpérerent de ſa vie. J’en reçus la nouvelle avec bien du chagrin, &