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ſaſſiée, que s’il ſe fût préſenté un nouveau combattant, vous l’euſſiez refuſé ?

Tullie.

Oui certes, une nouvelle attaque m’auroit plus cauſé de dégoût que de plaiſir ; & je crois même que dans les embraſſements de Jupiter, je n’aurois pu trouver de volupté.

Octavie.

On dit que tout animal après l’action amoureuſe, eſt triſte : eſt-il vrai, ma couſine ?

Tullie.

Aſſurément : je t’en dirai la raiſon une autre fois ; mais je te puis aſſurer à préſent qu’il n’en fut pas de même de Medor. Il avoit le viſage le plus gai du monde ; ſa vue ſeule m’inſpiroit de l’amour : il n’avoit pas encore ôté le pied de l’étrier, qu’il me récita les vers que tu as entendus, & me témoigna par mille careſſes, qu’il étoit tranſporté de joie d’avoir joui avec tant de plaiſir des biens qu’il avoit ſi ardemment deſirés. Il appella Cléante, pour lui faire part de ſon bonheur ; mais je me tirai adroitement d’entre ſes bras, & me débarraſſai de tous deux. Ce qui m’inquiéta néanmoins un peu, c’eſt que de

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