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dans le raviſſement. Auſſi-tôt que nous fûmes revenus de cette douce léthargie, Medor me fit mille careſſes ; & ſe plaignant amoureuſement de ce que je l’avois devancé dans le ſentiment de la volupté, il me récita les vers ſuivants :

Medor étoit prêt à mourir
Entre les bras de ſa Tullie,
Que, bien-loin de le ſecourir,
Voulut auſſi perdre la vie :
Attends, lui dit-elle, un moment,
Qu’une pareille mort me vienne ;
Nous en mourrons plus doucement,
Si ma mort ſe mêle avec la tienne.
Alors elle perdit la voix ;
Medor dès long-temps aux abois,
Acheva bientôt de la ſuivre ;
Et cette fin leur plut ſi fort,
Qu’ils ne commencerent à vivre,
      Que pour mourir encor de cette douce mort.

Je t’aſſure, Octavie, que je goûtai cette fois-là un plaiſir parfait, & que jamais homme n’a ſi bien éteint le feu de ma concupiſcence, que Medor. C’eſt un Héros, c’eſt un Hercule, d’être ſi vigoureux dans ſa tendre jeuneſſe.

Octavie.

Mais quoi, Tullie, étiez-vous tellement raſ-