Admirez la généroſité de Medor ! il me conduiſit
chez Marianne, (c’étoit le nom de cette aimable
enfant) & me fit adroitement cacher dans
la place qui lui étoit deſtinée. Que voulez-vous
davantage ? je poſſédai le tréſor que j’aurois
inutilement cherché ſans lui, & je jouis cette
nuit du bien que j’avois ſi ardemment deſiré.
Qu’en penſez-vous, Madame ? dois-je être ingrat
d’un ſervice de cette nature ? Pardonnez-moi
donc, ſi je deviens coupable auprès de
vous, en voulant m’acquitter de mon devoir
envers un ami ſi obligeant.
Eh bien, que répondiez-vous à tout cela ?
Rien ; & malgré le deſſein que j’avois formé de lui marquer avec chaleur mon reſſentiment, je m’appaiſai. Ah ! Octavie, que la voix d’un amant a de pouvoir ſur nous ! qu’il eſt facile de nous fléchir, quand nous aimons ; & que notre cœur devient facile aux moindres ſoumiſſions d’un objet pour lequel nous avons conçu de la tendreſſe ? N’avez-vous pas de honte, lui diſois-je néanmoins, de vouloir ainſi expoſer mon honneur & ma réputation ?