Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 231 )


le plaiſir dans toute ſon étendue, que deux fois depuis un mois.

Octavie.

Comment cela ſe peut-il faire ? car une femme jalouſe ne donne point de quartier.

Tullie.

Tu ſauras que le mois paſſé, Joconde ſe divertiſſant avec ta mere, & la trouvant fort diſpoſée à lui accorder ce qu’il ſouhaiteroit, il lui demanda une grace. Et quoi, dit-elle ? Voulez-vous bien, reprit-il, me permettre d’être pere ? J’y conſens, dit-elle. Et comment pourrai-je, continua-t-il, ſi vous ne m’accordez la jouiſſance de Julie ſans reſtriction ? la pauvre enfant a déja aſſez ſouffert, & la mere Théreſe l’a aſſez maltraitée pour qu’elle mérite un peu de plaiſir. Je vous le permets, dit Sempronie, à condition que ce ne ſera que dans le deſſein d’avoir des enfants : & afin que vous ne manquiez pas votre compte, je ſouhaite que vous paſſiez huit jours dans la continence ; & qu’après qu’ils ſeront expirés, vous faſſiez avec elle ce que vous deſirerez. Cela fut conclu de la ſorte, & la ceinture ne fut point ôtée à Julie qu’après la huitaine. Joconde fit un ſi bon

P iv