appris ces mouvements de feſſes & ces ſoupirs
faits ſi à propos ? Elle ne répondoit rien. Parle
ſans crainte, reprit-il, & me déclare le myſtere
de tout ceci. Je n’oſerois, dit-elle ; mais je
n’ai rien fait que les plus chaſtes filles comme
je ſuis, ne pratiquent dans de pareilles occaſions.
Mais qui eſt-ce qui t’a dit que c’étoit la
coutume, dit Joconde ? N’exigez pas de moi,
dit-elle, que je vous l’apprenne. Je veux, reprit-il,
que vous me le diſiez, ou bien j’aurai
de mauvais ſentiment de votre honneur. N’en
parlez donc point à d’autre, dit Julie. C’eſt
Sempronie qui m’a donné ces avis, & qui m’a
dit qu’il étoit du devoir d’une jeune mariée de
faire tout ce que j’ai fait. Cependant, ce qu’il y a
de plaiſant là-dedans, c’eſt que Sempronie voyoit
& entendoit tout.
Quel deſſein avoit-elle en abuſant ainſi de la ſimplicité de Julie ?
C’étoit de la rendre ſuſpecte à ſon mari : elle n’y réuſſit pas ; car elle a toujours paſſé dans ſon eſprit pour une fille très-ſage & une femme fort honnête.