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eſt préparée, ſans qu’il s’en apperçût. Ah ! quelle fortune ! dit Sempronie ; c’eſt le vrai moyen de vivre tous deux heureux le reſte de vos jours : vous poſſéderez l’eſprit d’Oronte, & vous jouirez du corps de Tullie. Cléante nous apprit enſuite les meſures qu’il avoit priſes pour s’avancer ſi fort dans les bonnes graces de mon mari. Je fus ſurpriſe de ce qu’il en étoit venu à bout ſi facilement, parce qu’Oronte eſt aſſez éclairé. Point tant de diſcours, interrompit Sempronie : le ſoupé nous attend, & je me prépare après cela à coucher avec toi, Tullie. Que deviendrai-je donc, dit Cléante ? Ne vous en mettez pas en peine, nous y mettrons ordre.

Octavie.

Il coucha ſans doute au milieu de vous deux, & vous en fit goûter à l’une & l’autre ?

Tullie.

Non, tu te trompes, parce que ta mere avoit pris ſa ceinture ; & ton pere, qui étoit parti le matin avec Joconde, pour aller à Verone, avoit emporté la clef avec ſoi. On conduiſit d’abord Cléante dans un appartement particulier ; mais après que tout le monde fut retiré, il vint nous trouver, comme nous étions

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