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de ſes careſſes, en ſi peu de temps ! mais eus-tu bien aſſez de force, pour ſupporter courageuſement tant d’aſſauts ?

Tullie.

Aſſurément. Voyant même qu’Oronte au troiſieme coup ne pouvoit preſque décharger, je le pouſſai & le ſecouai ſi vivement, qu’il fit ſon devoir, non pas ſi bien qu’aux autres fois ; mais que veux-tu ? d’un mauvais payeur on en tire ce qu’on peut. Sempronie me vint voir le lendemain, je lui contai tout ce qui s’étoit paſſé, & la priai d’en avertir Cléante.

Octavie.

Il n’eut donc point affaire avec toi ce jour-là ?

Tullie.

Non-ſeulement pour celui-là ; mais pendant une ſemaine entiere, nous n’eûmes pas le moindre entretien particulier, & avec raiſon, parce qu’Oronte avoit toujours les yeux ſur nous, auſſi-bien que pluſieurs domeſtiques qui étoient à ſa diſcrétion. — Baiſe-moi, Octavie ; je ne puis te regarder ſans me ſouvenir d’un Gentilhomme François, qui te reſſembloit beaucoup de viſage : il n’y avoit rien de ſi aimable, & je me

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