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la journée. Après cela, elle s’en vint à moi : je l’interrogeai ſur ſon entretien avec Cléante, elle m’avoua tout ; je ne fus pas fâchée de l’apprendre : elle ſe retira enſuite, pour me laiſſer repoſer.

Octavie.

T’endormis-tu facilement ?

Tullie.

Non ; & à peine avois-je fermé l’œil, que Sempronie rentra avec une collation fort ample. Leve-toi, me dit-elle, & tâche de reprendre tes forces. Je me levai, & bus, & mangeai ſi bien, que je fus entiérement remiſe. Une heure après, nous entendîmes frapper à la porte ; c’étoit Cléante, qui en entrant nous ſalua fort ſérieuſement, parce qu’il y avoit quelques domeſtiques préſents : ta mere trouva moyen de les faire ſortir en leur donnant quelque occupation, & nous reſtâmes ſeuls tous trois. Ça, dit Sempronie, en commençant l’entretien, c’eſt à préſent qu’il vous faut penſer à prendre de juſtes meſures, pour vivre heureux l’un & l’autre le reſte de vos jours ; car ſi Oronte prenoit le moindre ombrage de vos divertiſſements, tout ſeroit perdu. Si Tullie, reprit Cléante, veut ſe régler ſur mes conſeils, nous n’aurons