Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 201 )


un plaiſir plus parfait que celui qu’elle m’a donné ; j’y ai trouvé tout ce que la volupté peut avoir de plus doux & de plus piquant. Et toi, Tullie, qu’en dis-tu ? reprit-elle en s’approchant de moi. Il m’a plu aſſurément, lui dis-je ; mais je lui veux du mal de m’avoir rompu les reins, & de m’avoir ſi fatiguée, qu’à peine puis-je marcher trois pas. Elle ne fit que rire de mes plaintes, & dit à Cléante de ſe retirer, afin que je priſſe un peu de repos. Elle le conduiſit juſqu’à la porte, après qu’il eût pris congé de moi, en me donnant un baiſer. C’eſt à préſent, lui dit-elle tous bas, qu’il faut que tu me diſes ton ſentiment touchant Tullie ; parle ſans crainte, notre diſcours n’ira pas juſqu’à ſes oreilles. Hélas ! reprit-il, je n’ai rien de nouveau à vous dire là-deſſus ; elle a ſurpaſſé mon attente ; elle eſt encore plus aimable que je ne pouvois me l’imaginer : c’eſt le corps le plus beau qu’on puiſſe ſe figurer ; ſon eſprit n’eſt pas moins charmant : Enfin, je vous ai mille obligations, de ce que, par votre moyen, je poſſede une perſonne ſi accomplie. Tâchez de faire en ſorte, continua-t-il, que je puiſſe encore paſſer aujourd’hui quelques moments avec elle. Elle lui dit qu’Oronte devoit ſouper chez vous, & que par conſéquent je reſterois toute