un plaiſir plus parfait que celui qu’elle m’a donné ;
j’y ai trouvé tout ce que la volupté peut
avoir de plus doux & de plus piquant. Et toi,
Tullie, qu’en dis-tu ? reprit-elle en s’approchant
de moi. Il m’a plu aſſurément, lui dis-je ;
mais je lui veux du mal de m’avoir rompu les
reins, & de m’avoir ſi fatiguée, qu’à peine
puis-je marcher trois pas. Elle ne fit que rire
de mes plaintes, & dit à Cléante de ſe retirer,
afin que je priſſe un peu de repos. Elle le conduiſit
juſqu’à la porte, après qu’il eût pris congé
de moi, en me donnant un baiſer. C’eſt à
préſent, lui dit-elle tous bas, qu’il faut que tu
me diſes ton ſentiment touchant Tullie ; parle
ſans crainte, notre diſcours n’ira pas juſqu’à ſes
oreilles. Hélas ! reprit-il, je n’ai rien de nouveau
à vous dire là-deſſus ; elle a ſurpaſſé mon
attente ; elle eſt encore plus aimable que je ne
pouvois me l’imaginer : c’eſt le corps le plus
beau qu’on puiſſe ſe figurer ; ſon eſprit n’eſt
pas moins charmant : Enfin, je vous ai mille
obligations, de ce que, par votre moyen, je
poſſede une perſonne ſi accomplie. Tâchez de
faire en ſorte, continua-t-il, que je puiſſe encore
paſſer aujourd’hui quelques moments avec
elle. Elle lui dit qu’Oronte devoit ſouper chez
vous, & que par conſéquent je reſterois toute
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