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Tullie.

Cléante étant revenu de ſon extaſe, me donna un baiſer, & me dit qu’il ne terminoit pas le combat par de ſi légeres attaques, & que j’aurois ſujet de me plaindre de lui, s’il ne faiſoit pas paroître plus de vigueur avec une ſi aimable perſonne. Je voulus me lever, mais je me trouvai ſi foible, que j’eus beſoin de ſon aide pour me mettre ſur pied. Ah ! je n’en puis plus, lui dis-je : vous m’avez tellement laſſée, que je ne puis marcher ; je crains même que les forces ne me manquent tout-à-fait, avant que d’être de retour à la maiſon. Ce n’eſt rien, dit-il ; vous n’avez qu’à prendre un peu de repos : pour moi, continua-t-il, je ſuis frais & gaillard, & prêt à en faire encore autant. Comme il achevoit de parler, ta mere entra en riant, & chantant une chanſon un peu graſſette. Eh bien, nous dit-elle, avez-vous fait votre accord ? vos affaires ſont-elles terminées ? Ah ! je n’en puis plus, lui dis-je, je ne ſaurois quaſi me ſoutenir. Bagatelle : comment avez-vous trouvé Tullie, dit-elle, à Cléante, vous a-t-elle plu ? Sans doute, reprit-il, & elle ſeroit au goût du plus délicat de tous les hommes : je ne crois pas, continua-t-il, qu’on puiſſe goûter