Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 197 )


ſant au point qu’il fait tous ſes parents, ſes biens qui ſont conſidérables viendront ſans doute à ta diſpoſition. Que veux-tu davantage ? une femme qui ſe voit aimée, a bien de la peine à ne pas aimer. Je me rendis ; & Sempronie, qui ménageoit toute l’affaire, fit convenir Cléante des conditions ſuivantes. Qu’il céderoit à Oronte par un acte public une partie de ſes biens ; & qu’il le déclareroit ſon héritier univerſel en cas qu’il mourût ſans teſtament ; que moi, de mon côté, je lui ferois une obligation de ma main, par laquelle je lui donnerois une entiere puiſſance ſur mon corps ; mais qu’elle ne ſeroit point remiſe entre ſes mains, qu’il n’eût auparavant effectué ſa promeſſe, par le contrat dont nous avons parlé. Il ſe croyoit encore trop heureux de pouvoir me poſſéder à quelque prix que ce fût ; c’eſt pourquoi peu après du conſentement de ceux qui étoient intéreſſés, il fit la ceſſion dont on étoit convenu. Je me trouvai ce même jour chez Sempronie où il étoit. D’abord qu’il me vit, il vint ſe jetter à mes pieds : Ah ! aimable Tullie, me dit-il, permettez que je jouiſſe de votre beauté ; j’ai tenu ma parole, accompliſſez la vôtre : il eſt raiſonnable, dit Sempronie ; & ſi vous connoiſſez l’un & l’autre vos avantages, vous vivrez

N iiij