ſant au point qu’il fait tous ſes parents, ſes
biens qui ſont conſidérables viendront ſans doute
à ta diſpoſition. Que veux-tu davantage ? une
femme qui ſe voit aimée, a bien de la peine à
ne pas aimer. Je me rendis ; & Sempronie, qui
ménageoit toute l’affaire, fit convenir Cléante
des conditions ſuivantes. Qu’il céderoit à Oronte
par un acte public une partie de ſes biens ;
& qu’il le déclareroit ſon héritier univerſel en
cas qu’il mourût ſans teſtament ; que moi,
de mon côté, je lui ferois une obligation de
ma main, par laquelle je lui donnerois une
entiere puiſſance ſur mon corps ; mais qu’elle
ne ſeroit point remiſe entre ſes mains, qu’il
n’eût auparavant effectué ſa promeſſe, par le
contrat dont nous avons parlé. Il ſe croyoit
encore trop heureux de pouvoir me poſſéder
à quelque prix que ce fût ; c’eſt pourquoi peu
après du conſentement de ceux qui étoient intéreſſés,
il fit la ceſſion dont on étoit convenu.
Je me trouvai ce même jour chez Sempronie
où il étoit. D’abord qu’il me vit, il vint ſe jetter
à mes pieds : Ah ! aimable Tullie, me dit-il,
permettez que je jouiſſe de votre beauté ; j’ai
tenu ma parole, accompliſſez la vôtre : il eſt
raiſonnable, dit Sempronie ; & ſi vous connoiſſez
l’un & l’autre vos avantages, vous vivrez
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