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les pénitences. Pour vous, Joconde, pourſuivit-elle, ſi vous êtes toujours bien conſtant, & que vous me chériſſiez comme vous avez fait juſqu’à préſent, vous éprouverez juſques où peut aller la libéralité d’une femme quand elle aime ; mais au contraire, ſi je vous reconnois infidele, & que je m’apperçoive que votre amour ſe refroidiſſe. Je me déclare déja votre ennemie irréconciliable. J’accepte ces conditions ; dit-il, elles ſont trop avantageuſes pour que je les refuſe : oui, Sempronie, continua-t-il, je les reçois de la plus aimable de toutes les femmes : Julie ſera votre eſclave, je la mets en votre diſpoſition ; & même ſi vous voulez, je ne coucherai point du tout avec elle. A Dieu ne plaiſe, dit-elle, que je ſépare de la ſorte ceux que j’ai bien voulu unir ! je vous demande ſeulement que vous m’avertiſſiez quand vous appercevrez qu’elle penchera du côté de la chair, afin que j’y mette ordre en l’envoyant pour quelques jours chez les religieuſes où elle a été penſionnaire. Pour les feux dont elle vous animera par ſes attouchements, vous pouvez les venir éteindre dans mes embraſſements. Voilà, Octavie, juſqu’où va la jalouſie de ta mere, qui veut poſſéder Joconde toute ſeule.