Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 189 )


ainſi las & énervé à la pauvre Julie. Le lendemain elle l’interrogea fort curieuſement ſur ſa ſanté, & lui demanda comment les choſes s’étoient paſſées, ſi elle étoit encore vierge, ou ſi elle avoit perdu ſon pucelage. D’abord Julie ne lui répondit que par ſon ſilence, les yeux & le viſage couverts de pudeur. Sempronie la preſſa tant, qu’elle lui avoua que ſon mari avoit joui deux fois d’elle. Il ſut permit à Joconde d’en faire autant la nuit d’après, & ta mere fit prendre le matin à Julie la ceinture de chaſteté. La partie de cette aimable enfant fut miſe par ce moyen dans les fers ; défenſe fut faite à ſon mari de la toucher qu’après huit jours expirés. Choſe étrange ! depuis cette nuit juſqu’à ce jour, elle n’a pris le divertiſſement que quinze fois.

Octavie.

Mais quelle vertu peut avoir cette ceinture pour rendre les femmes chaſtes ?

Tullie.

Tu l’apprendras. Lorſque Julie ſe levoit le matin ſur les dix heures, Joconde entra avec cet inſtrument qu’il avoit reçu de ta mere : il le déploya devant elle ; elle ſourit, & lui demanda innocemment quel ouvrage c’étoit. C’eſt un