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lement les traces de ſa mere : elle ne répondoit rien, que par ſes pleurs & par ſes larmes.

Tullie.

Tu ſauras que Julie (c’eſt ſon nom) étoit en penſion chez les Religieuſes, où Théreſe ta tante eſt Supérieure, lorſque Joconde, qui avoit deſſein de s’établir, ſe plaignit à ta mere de ce qu’il n’avoit encore reçu aucun ſalaire de tous ſes ſervices. Je ſuis entiérement à vous, lui diſoit-il ; mais qu’eſt-ce que j’en ai reçu, qui puiſſe faire croire que j’aye l’honneur de vous appartenir ? quel ſoin avez-vous pris de ma fortune, vous qui ſavez que je me ſacrifie entiérement pour vous. Si les deſtins vous enlevoient, que deviendrois-je ? Outre l’extrême déplaiſir que j’aurois, d’avoir perdu ce que j’aurois de plus cher, je ſerois encore plongé dans une extrême miſere. Défaites-vous de toutes ces craintes frivoles, lui dit Sempronie : je mettrai ordre à tout ; & j’ai formé le deſſein de vous marier avec une fille, qui ſera aſſez belle & aſſez riche, pour que vous n’en puiſſiez pas ſouhaiter de plus accomplie. Je la doterai moi-même de mon argent, & ferai les choſes d’une maniere qui vous donnera lieu de vous louer de ma libéralité. J’ai, continua-t-elle, ſix mille écus d’or dans mon