Ah Dieux ! quel ſacrifice ! dis plutôt, quelle cruauté ! quelle boucherie ! & quel bourreau !
Cela étant fait, ma mere me délia les bras, & me donna mille louanges, de ce que j’avois, diſoit-elle, ſouffert ſi patiemment un travail ſi rude pour une fille comme moi. Le Pere Théodore me dit auſſi pluſieurs paroles fort obligeantes, & après m’avoir engagée par vœu a un pareil ſacrifice, quand j’aurois perdu ma virginité, il ſe retira. D’abord qu’il fut parti, ma mere m’embraſſa avec bien de la tendreſſe : il faut, ma fille, me dit-elle, que vous feigniez d’être malade d’une douleur de tête, afin de prendre le repos qui vous eſt néceſſaire. Pour moi, continua-t-elle, je ſuis accoutumée à ces ſortes d’exercices, & je n’en ſuis pas plus incommodée. Elle me lava enſuite le derriere avec de l’eau de roſe ; puis elle s’en alla, en me diſant de bien repoſer, & qu’elle reviendroit me voir dans deux heures.
Sais-tu bien où elle alla, & ce qu’elle fit pendant que tu dormois ?