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Octavie.

Non, mais je t’avouerai que je ne croyois pas avoir tant de force, pour ſupporter, comme je fis, un travail ſi rude & ſi pénible.

Tullie.

En effet, on dit qu’il n’y a rien de plus fort & de plus conſtant que la femme ; quand elle s’opiniâtre à endurer quelque choſe, elle ſe ſurmonte elle-même, & ſupporte avec une fermeté admirable, des peines qui laſſeroient les plus grands courages. Mais continue.

Octavie.

A quoi bon perdre le temps, me dit ma mere, en me donnant un baiſer ? déshabillez-moi promptement, afin de mettre à découvert ces infames parties du corps, qui méritent toute ſorte de ſupplices. Je lui obéis, & ne lui laiſſai que ſa chemiſe ; qu’elle releva ſur ſes épaules ; puis ſe mettant à genoux, & prenant en main le fouet dont je t’ai parlé : regardez bien, ma fille, me dit-elle, comme il ſe faut ſervir de cet inſtrument de pénitence ; apprenez à ſouffrir, par l’exemple que je vais vous donner. A peine avoit-elle achevé de parler, que j’en-

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