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conçus de ſa perſonne, & de faire en ſorte que tu la cruſſes la plus ſainte femme du pays. Je crois, Octavie, qu’il n’eſt pas néceſſaire que je te recommande le ſecret que je te découvre, comme à ma plus intime.

Octavie.

Je ſerois parricide, ſi je ne conſervois pas la réputation de ma mere, qui lui doit être plus chere que la vie. Ne crains rien de ce côté-là : il faut ſeulement que je t’apprenne comme elle a abuſé de ma ſimplicité. Trois jours devant mes noces, elle me tint ce diſcours : Après-demain, ma fille, vous devez être mariée, & par conſéquent dans la puiſſance de Pamphile : à préſent vous êtes pure, vous êtes chaſte, vous êtes vierge, & vous n’avez plus que ce peu de temps à reſter dans cet état de ſainteté ; il ſera ſuivi des ſaletés & ordures qui ſont inſéparables des embraſſements des hommes : toutes les vertus qui accompagnent la virginité, vous abandonneront auſſi-tôt ; & tous ces avantages vous délaiſſeront, ſi vous ne faites vos efforts par quelque action héroïque pour les retenir. Faites-y réflexion, mon enfant, & penſez que comme il n’y a rien de plus divin qu’une fille vierge, il n’y a rien