famie pour nous, nous avons la liberté de tout
faire ; & ce beau manteau qui couvre tous nos
divertiſſements, nous met au-deſſus de la calomnie
la plus noire, & la moins épargnante.
Je me rends, Tullie, vos raiſons me perſuadent ; il me reſte ſeulement quelques petits doutes, que vous m’éclaircirez une autre fois.
Voilà qui eſt bien ; c’eſt être raiſonnable, que de ſe laiſſer gagner à la raiſon. Pour les doutes qui te reſtent, qu’ils ne te fatiguent point l’eſprit ; je te veux mettre entre les mains d’un homme qui levera tous tes ſcrupules.
Je vous entends bien ; vous parlez de Cléante, les ſcrupules ne ſe levent pas comme la chemiſe. Mais de grace, ma chere Tullie, apprends-moi comment tu es devenue ſa maîtreſſe ; s’il t’a été donné, ou ſi c’eſt par ton adreſſe que tu en as fait l’acquiſition ; par quels artifices tu as pu cacher à Oronte tes divertiſſements, & enfin comment tu lui as fermé les yeux, pour qu’il ne s’apperçût point des libertés que tu prenois à ſon préjudice ?