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parlez pas ſérieuſement ; & ce que vous m’avez dit de Cléante, ne paſſe point dans mon eſprit pour véritable : je vous crois trop ſage.

Tullie.

Et moi, je te crois la plus ſotte du monde ; & tu es infatuée de certaines maximes qui me déplaiſent au dernier point. Seras-tu contente, ſi je te fais comprendre comment tu peux conſerver ton bonheur, avec la jouiſſance du plaiſir ?

Octavie.

Aſſurément ; mais je ne puis pas concevoir que vous en veniez à bout : car comment accorder dans un même ſujet deux choſes qui ſe combattent, & qui ſe détruiſent d’elles-mêmes ?

Tullie.

Pour t’inſtruire de cette vérité, qui te ſemble un paradoxe, apprends que les hommes d’à préſent ont fait de nouvelles loix, & introduit dans le monde un culte qui n’a aucun rapport avec l’ancienneté. Les vertus de l’âge de nos peres, ſont les vices de celui-ci ; & les actions qui ne ſe faiſoient point le temps paſſé ſans récompenſe, ne peuvent maintenant ſe pratiquer avec impunité. Parmi ces ſtables engagements, & ces

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