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tu pourras faire commodément, ſans offenſer les yeux de tes domeſtiques & de ton mari, eſt permis ; & au contraire, que ce que tu ne pourras exécuter ſans peril, eſt défendu. Voilà en deux paroles ce qui doit régler toutes tes actions ; ce ſont-là les véritables maximes que tu dois ſuivre ſi tu es ſage, & c’eſt à elles ſeules à qui je dois tous mes plaiſirs & mes divertiſſements. Ce n’eſt, Octavie, que par leur pratique, que j’ai conſervé mon honneur & ma réputation ; tu en peux faire de même, ſi tu les obſerves. Nous ſommes toutes également portées à la volupté, nous y avons toutes le même penchant ; & bonnes & mauvaiſes : mais il eſt à remarquer que celles-ci ne ſe mettent aucunement en peine de la réputation ; elles préferent le plaiſir à toutes choſes, & c’eſt ce qui les fait paſſer pour des infames. Parmi les autres, ils s’en trouve de ſages ; mais il s’en rencontre d’imprudentes, qui, faiſant de fauſſes démarches, périſſent la plupart à la fleur de leur âge, ou finiſſent leurs jours dans les ténebres & l’obſcurité d’une priſon, où le poiſon & le fer ſont les inſtruments qui châtient leur conduite trop ouverte. Il n’en eſt pas de même de celles dont la prudence fait le caractere : elles vivent heureuſes juſques au der-