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rance me rendit inſenſible à toutes ſes paroles.

Octavie.

Vous me ſurprenez, Tullie, & j’ai de la peine à croire ce que vous me voulez perſuader de votre ignorance. Penſez-vous que je ne ſache pas que vous avez toujours paſſé pour une fille des plus éclairées de notre ſexe ; que vous vous êtes rendue ſavante dans l’hiſtoire & dans les langues étrangeres ; & que j’ignore que la connoiſſance des choſes les plus cachées de la nature, n’a pu échapper à la vivacité de votre eſprit ?

Tullie.

Il eſt vrai, Octavie, que j’ai une obligation bien particuliere à mes parents, de ce qu’ils m’ont élevée à l’étude de tout ce qu’il y a de plus beau, & de plus curieux à ſavoir ; j’ai tâché auſſi de répondre parfaitement à leur intention : car bien-loin de faire gloire de ma ſcience & de ma beauté, ſelon la coutume de celles de notre ſexe, j’ai évité le faſte & la galanterie comme un écueil dangereux, & ai fait tous mes efforts pour m’acquérir ſeulement la réputation d’une fille ſage & honnête.

Octavie.

Ceux qui ne veulent point nous flatter, di-

A ij