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beauté te rend digne des plus tendres careſſes d’un mari.

Octavie.

Je vous ſuis fort obligée, ma Couſine, de la part que vous prenez à mes intérêts : je n’attendois rien moins de votre amitié ; & je ſuis ravie que votre viſite nous donne lieu de nous entretenir pleinement ſur ce ſujet. J’appris hier de ma mere, que je n’avois plus que deux jours de terme ; elle a déja fait dreſſer un lit, & préparer dans le plus bel appartement de notre maiſon, une chambre, & toutes les choſes néceſſaires pour cette fête. Mais pour vous dire le vrai, ma chere Tullie, tout cet appareil me donne plus de crainte qu’il ne me cauſe de joie ; & je ne puis pas même concevoir le plaiſir que vous dites que j’en dois recevoir.

Tullie.

Ce n’eſt pas une choſe fort ſurprenante, qu’étant tendre & jeune comme tu es, (car à peine as-tu atteint ta quinzieme année,) tu ignores des choſes qui m’étoient entiérement inconnues, quand je fus mariée, quoique je fuſſe un peu plus âgée que toi. Angélique me diſoit aſſez ſouvent, que je goûterois les plaiſirs du monde les plus délicieux ; mais hélas ! mon igno-