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le diſcours de ma mere, je lui parlai un peu plus librement : Je ſuis, lui dis-je, telle que j’étois quand je ſuis entrée ici ; il ne m’eſt rien arrivé, ſinon que Pamphile m’a mouillée de tous côtés. Quoi ! dit-elle, il n’a rien avancé ? Non, lui dis-je ; car outre que ſon inſtrument n’a pu entrer à cauſe de ſa groſſeur, il a perdu ſa force après pluſieurs ſecouſſes en répandant ſa ſemence. Voilà bien opéré, reprit-elle ; montre-moi ta chemiſe. Je la lui montrai ; auſſi-tôt qu’elle l’eut vue : O ma fille, s’écria t-elle, quelle perte avez vous faite ? ah ! que vous auriez été heureuſe, ſi cette pluye ſi abondante vous avoit arroſé le dedans. Oui, ma mignonne, continua-t-elle en regardant attentivement les endroits de ma chemiſe qui en étoient tachés, il y en auroit eu aſſez pour nous donner un héritier auſſi robuſte qu’Hercule. Elle me la fit quitter ; après cela, elle m’en donna une autre, me coëffa de nouveau, & n’oublia rien pour me faire paroître avec plus d’éclat.

Tullie.

Que fit-elle de la chemiſe que tu avois quittée ? je crois qu’elle la conſidéra bien.

Octavie.

Aſſurément : elle la conſidéra de tous côtés ;

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