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Tullie.

Vraiment, tu n’en dois point douter : les femmes les plus ſaintes ont de la curioſité ſur ces ſortes de choſes ; & je te dirai que le jour qui ſuivit la premiere nuit de mes noces, je fus obligée de raconter de point en point à ma mere tout ce qui s’étoit paſſé entre mon mari & moi. Elle voulut même que je lui appriſſe juſques aux moindres de ſes badineries. Pendant que je lui en faiſois le récit, elle m’embraſſoit, & me baiſoit avec une tendreſſe ſans égale.

Octavie.

Sempronie ne fut pas moins curieuſe. Tu ſauras qu’un peu après qu’elle fut entrée, Pamphile ſe retira avec ſes habits dans une autre chambre, tellement qu’elle reſta ſeule avec moi. Elle ferma la porte ſur nous, & ſe jettant à mon col : Eh bien, ma chere Octavie, me dit-elle, vous êtes vous bien divertie ? n’ayez point de honte de me le dire : l’intérêt que je prends dans tout ce qui vous regarde, vous oblige à ne me rien céler de tout ce qui peut me donner de la joie. En diſant cela, elle me baiſoit, elle étoit toute en feu ; ſes yeux ne reſpiroient que l’amour, & je pus juger à ſa